Jacques Villeret, comique professionnel et comédien sérieux

Jacques Villeret, mort vendredi à 53 ans

 

l'interprète inoubliable de "La soupe aux choux" et du "Dîner de cons",

est mort vendredi à 53 ans d'une hémorragie interne au centre hospitalier d'Evreux (Eure),

a-t-on appris auprès de son entourage.

 

 

,Samedi 29 Janvier, le 28-01-2005

Jacques Villeret, mort vendredi à 53 ans, restera dans l'histoire du cinéma français comme l'interprète inoubliable de "La soupe aux choux" et du "Dîner de cons", incarnant l'archétype du comique alors que lui-même avouait être dépourvu d'humour.

Interrogé en 2003 par L'Express sur la façon dont il souhaiterait mourir, il avait répondu: "J'aimerais m'évanouir".

Paradoxalement, alors même qu'il avait accédé à la célébrité grâce à son talent de comique, Jacques Villeret reconnaissait lui-même son "manque d'humour". "On me le reproche souvent", avait-il avoué.

"Je suis perfectionniste au point d'en devenir obsessionnel. Faire du comique, c'est moyennement amusant : si je n'ai pas ce que je veux, si ça ne tombe pas au millimètre, je peux disjoncter et piquer des colères démesurées", disait-il.

Acteur de composition, Jacques Villeret a incarné très souvent le Français moyen, gentil personnage rondouillard assez naïf, souvent souffre-douleur.

Né le 6 février 1951 à Loches (Indre-et-Loire), il suit les cours du conservatoire de Tours, puis de Paris, où il a comme professeur Louis Seigner. Jacques Villeret fait ses premières armes au théâtre ("Occupe-toi d'Amélie", "Les Fourberies de Scapin"). C'est Yves Boisset qui, le premier, lui donne sa chance au cinéma, dans "R.A.S." (1972).

Il devient rapidement l'acteur fétiche de Claude Lelouch, avec qui il tournera à huit reprises et qui lui offre ses premiers rôles importants dans "Le Bon et les méchants" (1976) et surtout "Robert et Robert" (1978), qui lui vaut un César du meilleur second rôle.

Il est pour la première fois tête d'affiche dans "Bête mais discipliné" (1979) de Claude Zidi, mais c'est "La Soupe aux choux" (1981) qui l'impose définitivement aux yeux du grand public.

S'il interprète ensuite de nombreux rôles comiques ("Papy fait de la résistance", "Les Frères Pétard"), il est à l'aise dans tous les genres, que ce soit les films intimistes ("Le Passe-montagne"), historiques ("Danton") ou plus dramatiques ("Trois années"). On peut également citer "Garçon !" (1983) de Claude Sautet, "Prénom Carmen" (1984) de Jean-Luc Godard ou "L'Eté en pente douce" (1987) de Gérard Krawczyk.

Après son premier César pour "Robert et Robert", il en obtient en 1998 un second, celui du meilleur acteur, pour "Le dîner de cons", de Francis Veber.

Il interprète dans ce film le rôle de François Pignon, qu'il avait créé au théâtre au côté de Claude Brasseur. Ce sera un succès phénoménal (plus de 9 millions de spectateurs). Il enchaîne ensuite trois films de Jean Becker, "Les Enfants du marais" (1999), "Un crime au paradis" (2000), et "Effroyables jardins" (2002).

Fidèle à son image de Français moyen, il est un grand-père chargé de garder son petit fils perturbé par la disparition de sa mère dans le drame "Malabar Princess" de Gilles Legrand ou encore un père compréhensif mais lâche face à la redoutable Folcoche interprétée par Catherine Frot dans "Vipère au poing" (2004) de Philippe de Broca.

Il renoue avec la comédie en interprétant le Calife dans "Iznogoud" (2004) de Patrick Braoudé, où il donne la réplique à Michael Youn. Ce film doit sortir dans les salles françaises le 9 février.

Au théâtre, outre "Le dîner de cons", il avait joué notamment dans "La Contrebasse" (1990) de Patrick Süskind et en 2000 dans "Jeffrey Bernard est souffrant" de Keith Waterhouse.

Jacques Villeret était chevalier de la légion d'honneur.

 

JACQUES VILLERET
Né le 6 février 1951 à Loches en Indre-et Loire

- Elève au Conservatoire de Tours tout en poursuivant des études de latin-grec, Jacques Villeret intègre le conservatoire de Paris dès 1969. Il y reçoit l'enseignement de Louis Seigner et travaille avec la compagnie de Marcelle Tassencourt.

- Foulant les planches entre 1972 et 1974 ("Occupe-toi d'Amélie", "Les fourberies de Scapin"...), il effectue ses premiers pas au cinéma sous la caméra d'Yves Boisset avant d'obtenir son premier rôle important dans "Le bon et les méchants" de Claude Lelouch, réalisateur avec lequel il tournera pas moins de huit films de "Toute une vie" (1974) à "Edith et Marcel" (1983).

- D'emblée "Césarisé" meilleur second rôle masculin pour "Robert et Robert" (1978), Jacques Villeret effectue plusieurs one-man show avant de remporter un nouveau succès au cinéma avec "Bête mais discipliné".

- Sa carrière oscille donc entre théâtre ("Un Fil à la patte" de Georges Feydeau, "C'est encore mieux l'après-midi" de Ray Cooney, "La Contrebasse" de Patrick Süskind...), premiers et seconds rôles au cinéma ("Mangeclous", "Black Mic Mac", "Un crime au paradis", "Le Bal des casse-pieds"), et télévision.

- Acteur ayant marqué le public par ses rôles comiques, de "Papy fait de la résistance" à l'incontournable "Soupe au choux" où il campe l'un de extra-terrestre les plus savoureux de l'histoire du cinéma, Jacques Villeret fait également montre d'un réel talent lorsqu'il s'agit d'aborder des rôles tout en nuance. Ainsi en va-t-il de sa prestation dans "Les enfants du marais" de Jean Becker ou encore dans "Trois années" de fabrice Cazeneuve où sa sensibilité est des plus exacerbée.

- En 1997, c'est la consécration avec "Le dîner de con" de Francis Veber, adaptation de la pièce homonyme dont faisait déjà parti Jacques Villeret.
Le rôle de Francis Pignon lui vaut de remporter le César du meilleur acteur et attire plus de 9 millions de spectateurs dans les salles.